Le projet agricole

La Ferme de Brouage est une ferme en maraîchage bio intensif sur petite surface, qui pratique l’agroforesterie. Ca fait beaucoup de termes techniques, alors on va tout vous expliquer :o)

Bio cela veut dire respecter le cahier des charges de l’Agriculture Biologique, notamment l’interdiction d’utiliser les produits issus de la chimie de synthèse. Savez vous que d’ailleurs le vrai logo officiel à utiliser est celui de droite, l’européen “euro feuille”. Mais que l’on continue à utiliser celui de gauche en France car c’est celui que tout le monde reconnait !

 
logo AB
 

La Ferme de Brouage est déjà certifiée Agriculture Biologique dans la mesure où nous sommes partis en septembre d’une prairie non cultivée. Il n’y a donc pas de période de conversion de 3 ans. Trop facile. En revanche, on part de zero : pas de cultures, pas d’aménagement, pas d’arbres, pas d’irrigation, pas de serre, pas d’outils. Rien. Juste de l’herbe et de la luzerne. Et puis il faut s’y tenir, au cahier des charges !

Rien. que de l’herbe.

Du coup pour travailler sereinement, il a fallu commencer par tondre. 4 hectares. 40 000 carrés pour ceux qui suivent.

Les premiers mètres dans la luzerne…

Le premier jardin tondu à ras.

Intensif et petite surface, ça va ensemble. Nous sommes très peu mécanisés, notre travail est très manuel. Juste un motoculteur (de competition).

Cette fabuleuse machine, une fois en état de marche donc, peut rouler sur les planches de culture, sans écraser le sol. Pas besoin de passages pour les roues, ni d’espace pour faire demi tour à tout bout de champ

Donc les cultures sont très serrées. Nous pratiquons aussi les associations de cultures, qui consistent à planter ou semer plusieurs légumes sur une même planche de culture, par exemple des radis et des carottes. C’est pourquoi, sur une toute petite surface (moins de 1,5 hectares), on a de très gros rendements. 

 

Image tirée du livre Vivre avec la Terre du Bec Hellouin. A se procurer de toute urgence.

 

Agroforesterie cela veut dire que nous donnons une place essentielle à l’arbre, place qu’il occupe naturellement dans la nature. Concrètement, nous intercalons nos cultures maraîchères avec des arbres. Ces grands êtres vivants sont au cœur de la photosynthèse, stockent le carbone, l’eau, et contribuent à la production d’humus : leurs feuilles mortes et leurs racines se décomposent et enrichissent la vie du sol, et les symbioses qu’ils développent avec les champignons boostent la vie du sol, donc sa fertilité. En plus, ils sont coupe vent, ce qui est pratique lorsque l’on est tout près de l’Océan, et surtout, il sont beaux !

Si t’es pas un arbre, tu peux pas test.

D’une façon plus holistique, vous avez pu remarquer la signature de notre logo (désigné par les talentueux Laure-Helène et Adrien Campagnac de LH lab : agroécologie et transition. 

Agroécologie, pour faire simple, cela veut dire que nous pratiquons une agriculture respectueuse des éco-systèmes : nous contribuons au developpement de ces écosystèmes, développons la biodiversité et préservons les ressources. 

Les écosystèmes, c’est super hein ? Au delà des convictions, la réalité c’est que nous n’avons pas le choix ! 

  • Qui va éliminer les pucerons de nos légumes si nous n’avons pas de produits chimiques ? Les coccinelles! Mais voudront-elles venir chez nous si elles ne trouvent pas de bourrache, de centaurée ou d’achilée ?

  • Qui va féconder nos tomates s’il n’y a pas de fleurs partout pour attirer les bourdons ?

  • Qui va dézinguer les mulots qui creusent des galeries sous nos carottes si ce n’est le rapace à qui nous avons installé un perchoir ?

  • Qui va gober nos limaces si le hérisson ne trouve pas de refuge ….

Bon maintenant on arrête les définitions et on rentre dans le dur : voici donc le plan des jardins, conçus par Azzedine notre maraicher en chef, maître autodidacte et bosseur né. Sur 4 ha, on trouve des jardins maraîchers (cf la légende) composés de 16 planches de cultures, intercalées d’arbres, bordées de bandes d’aromatiques et de bandes fleuries. Mais aussi un jardin pédagogique et des mares. 

Là il faut cliquer pour agrandir parce que sinon vous allez pas vous en sortir…


Une planche de culture, c’est une bande de terre de 75cm de large, légèrement sur-élevée au dessus de passe-pieds de 45 cm qui permettent de circuler à pied afin d’entretenir les cultures, de désherber et de récolter. Tout ça à la main. Avec très peu de mécanisation. Pas de tracteur mais un motoculteur.  

Nous sommes partis d’une prairie de luzerne. Il a fallu tracer ces planches de culture. Avec des cordeaux. Apporter 28 tonnes de compost à raison d’une brouette de compost par m2 (travail manuel, on a dit) afin de régénérer le sol. Puis détruire la prairie avec une fraise. Puis creuser les passes pieds avec une charrue rotative. Puis incorporer le compost avec une herse rotative. Puis semer de l’engrais vert (avoine, sarrasin, blé, seigle, trèfle) que nous détruirons pour les cultures de printemps, afin d’incorporer cette matière fortement azotée au sol (pas d’engrais chimique, on a dit). 

Puis pailler pour couvrir le sol afin de ne jamais le laisser à nu, et enfin regarder lever, avec admiration. C’est beau. Ca grouille de vers de terre. On est contents.

La mare

La grande mare située au sud du terrain mesure 600m2 et contient jusqu’à 800m3 d’eau. Elle est centrale dans le fonctionnement de la ferme puisqu’elle collecte les eaux de pluies et les eaux de forage. Nous récupérons en effet les eaux de pluies de 900m2 de toitures, que nous faisons ruisseler au bas du terrain pour les remonter jusqu’à la mare 350m plus loin (et 2 mètres plus haut). Sur un an, cela représente environ 700m3 d’eau, sur les 2500m3 nécessaires à notre exploitation.

Eaux de pluie et eaux de puit. L’abeille coule.

Si elle sera demain un havre de biodiversité pour grenouilles, les libellules et une destination pour les baigneurs, pour l’instant, c’est la plus grande mare de boue de l’univers. Et elle a nécessité des heures de travail au tractopelle, puis 2 jours d’une pelle mécanique (23 tonnes!) équipée d’un marteau piqueur et d’un godet pouvant contenir 1 tonne de terre à chaque pelletée. Le terrassement est loin d’être terminé et nous allons avoir besoin de bras pour l’aménager (étanchéité via la pose d’une bâche, plantation etc…). Stay tuned pour un chantier participatif en bonne et due forme. 

Les arbres

Pour l’instant, la parcelle dispose de très peu d’arbres : quelques très grands ifs, ici et là des noyers et figuiers et surtout une longue allée de pommiers ornementaux qui traverse le terrain. Ils font de belles fleurs en avril, des petits fruits non comestibles en septembre. C’est ballot. 

Les pommiers en fleur au mois d’avril.

Nous allons planter plus de 1500 arbres. Dès le 7 décembre, dans le cadre du programme EVA avec la Chambre d’Agriculture de Charente Maritime, une double haie va border la parcelle. A l’ouest, une haie brise vent, au sud, une haie biomasse qui produira de quoi nous chauffer d’ici 4 / 5 ans, et à l’est, une haie comestible “haie fruitière” sur la légende. 


Ce sont des scions (1 an à 2 ans) Et voici la liste en avant première : alisier, bourdaine, camerisier, cerisier, charmille, chêne pubescent, chêne vert, cognassier, cormier, cornouiller, églantier, érable, merisier, néflier, nerprun, noisetier, noyer, poirier, pommier, prunellier, sureau, tilleul, troene, viorne, orme, amandier, arbousier...vous les ne les connaissez pas tous ? Alors venez les rencontrer, on doit les planter en 1 jour, le 7 décembre et on a besoin de bras. 

Ensuite on enchaîne les plantations en décembre et janvier avec près de 1000 arbres dans le verger de plein vent et les bandes d’arbres intercalant les cultures. 

On y trouvera des scions mais aussi beaucoup d’arbres plus âgés qui donneront des fruits dès la 2e année. Les pommiers, poiriers, abricotiers, cerisiers, noisetiers, pêchers, pruniers (of course), amandiers, figuiers, oliviers, grenadiers, avocatiers, kiwis et tous les fruits rouges (cassis, groseille, framboise...)vous seront certainement familiers, les suivants un peu moins : asiminier, feijoa, argousier, câprier, amélanchier, canneberge, ragouminier, sorbier, kaki, kiwai, jujubier...en tout cas le correcteur d’orthographe il est pas fortiche, on a du tous les reprendre un par un.

L’asiminier, aussi appelé pawpaw, fruit fétiche d’Azzedine, à mi-chemin entre une banane et une mangue. Miam.

L’idée c’est que dans 5 ans, ce lieu soit un jardin d’Eden. Vous vous prélassez à l’ombre d’un arbre, sur un banc, au bord de la mare, vous cueillez de façon nonchalante….

Tous ces fruits et légumes seront proposés dans nos paniers vendus à la ferme et seront en libre accès aux hôtes des gites qui pourront cueillir à volonté. 

En gros, ça va ressembler à l’illustration ci-dessous, mais sans l’option avec les lions. :o)

Le jardin d’eden de la Ferme de Brouage, dans 5 ans. Grrrr

Le jardin d’eden de la Ferme de Brouage, dans 5 ans. Grrrr

Antoine Levequeshow